Le Coconuts condamné à ne plus pouvoir vendre de boissons pendant 3 mois ? C'est ce que risque le populaire bar à cocktail arlonais.
Leslie BOSENDORF
La fin des examens, à Arlon. L'ambiance est déjà aux vacances. Pour fêter ça, triste coutume : la consommation d'alcool. Souvent chez de très jeunes gens.
Cet après-midi-là, deux jeunes garçons de moins de seize ans décident de faire la tournée des cafés. Ils jettent entre autre leur dévolu sur le bar à cocktails Coconuts, situé place Didier.«Ils en sortent un peu gris et vont détériorer plusieurs véhicules en stationnement», raconte le substitut du procureur du roi, M. Rousseau.
Ni une ni deux, les «gamins» sont entendus par la police. Le papa d'un des deux protagonistes s'insurge : selon lui, toute cette histoire ne serait pas arrivée si son fiston n'avait pas consommé de l'alcool au «Coco».
Envoyer un «bip»
Le patron du bar, Dany Van Melsen, et sa SPRL étaient cités, hier, devant le tribunal correctionnel d'Arlon. La prévention : vente de boissons enivrantes et spiritueuses à des mineurs de moins de seize ans. Et le ministère public de préciser : «J'ignore qui tenait le plateau. Le patron ou un serveur. Raison pour laquelle je voulais que la SPRL soit mise en cause.»Selon le substitut du procureur du Roi, l'infraction semble établie. Il y a en effet plusieurs témoins.«Il faut sanctionner, envoyer un message, un bip assez douloureux pour que cela fasse effet, a lancé M. Rousseau, assez systématique dans son réquisitoire.
Selon la loi, Dany Van Melsen risque une amende et... l'interdiction de vendre et débiter des boissons pendant au maximum six mois avec sursis pour la moitié pendant trois ans. Concrètement, et au pire : exit les cocktails et autres bières au «Coco» pendant trois mois.
«Une énorme hypocrisie»
«M. Van Melsen dit qu'il fait le maximum en la matière et qu'il confisque les bouteilles des jeunes lorsqu'ils ont trop bu, a plaidé la défense du patron du Coconuts, Me Jocelyne Olivier. Il y a en outre une caméra à l'extérieur de son établissement. Lorsque les policiers sont venus contrôler à l'intérieur, il a coopéré. Je suis tentée de constater qu'il y a dans cette affaire une énorme hypocrisie. Une tendance à remettre tout sur le cafetier, sur les écoles qui lâchent les enfants à 15h30. Il y a une énorme hypocrisie de la part des parents qui trouvent cette excuse. Mon fils ou ma fille, s'ils sont peut-être déjà allés dans un café boire une bière, n'ont jamais commis de dégradation. Il ne faut pas faire d'un cas une généralité. Nous ne sommes pas ici en présence de quelqu'un qui a bu pendant toute une soirée, auquel le patron a mis et remis des verres, et qui part en titubant. C'est facile de pointer les cafetiers.»Et Me Olivier de demander l'acquittement de son client au bénéfice du doute. Selon elle, il n'est pas prouvé que c'est M. Van Melsen qui a versé de l'alcool à ces jeunes. Ce dernier n'était pas présent hier lors de l'audience.
En ce qui concerne la SPRL, l'avocate a souhaité une application modérée de la loi, précisant que, depuis les faits, le patron du bar à cocktail à fait prendre connaissance à ses employés de la loi en la matière.
Le jugement sera prononcé le 6 avril.